La fantastique histoire de la montagne liquide

Hélène Duclos - Imbrication #1- 2021 - huile sur toile - 89 x 116 cm

Imbrication #1
2021 – huile sur toile – 89 x 116 cm

La montagne liquide est peuplée d’êtres, dotés d’un cœur végétal. Ils se promènent librement (du moins nous semble-t-il *) entre la terre et l’air à la recherche de leurs racines. Ils se baignent et se transforment dans des étangs à cristaux liquides. Au loin, des montagnes flottantes se déplacent de zones sèches en zones humides et des arborescences poussent là où on le leur conseille. La montagne liquide est parfois rouge comme le sang, comme le feu, parfois jaune comme le citron ou bleue comme le cobalt ou l’outremer. Elle est instable, comme les saisons.

Depuis plusieurs années, j’explore ce pays curieux, de nuit comme de jour. Je crée des œuvres avec des techniques, des matériaux divers, sur des supports différents. Ces œuvres se font échos et se dispersent ensuite au gré des acquisitions dans des recoins du mondes que je ne connais pas. Elles offrent aux spectateurs une ou plusieurs fenêtres sur un monde inconnu, imaginaire, fantasmé peut-être.

Les lieux que j’observe ne sont pas réalistes. Ils sont constitués d’un assemblage de visions, de fonds sonores, de sensations : certaines provenant de mon monde réel, d’autres provenant d’un imaginaire, le mien, celui qui se forge grâce au mouvement du monde. Certaines images proviennent d’un lieu encore plus lointain, celui de l’inconscient, de la mémoire.

Il me faut parfois gravir la montagne en nageant, la contourner, trouver les accès, en glissant, en m’agrippant aux herbes folles, aux plantes magiques, aux lianes sauveteuses. Je découvre des vallées avec des arbres, je rencontre des habitant.e.s de toutes sortes, des plantes et des objets qui, la plupart du temps ont pour fonction de contenir ou de protéger (des réceptacles, des vases, des pots, des récipients, des bassines…). Ce qu’ils contiennent (ou protège) n’est pas toujours définissable : des secrets, des récits inavouables, des histoires très belles, un monde idéal, des couleurs irréelles, des musiques du futur, la représentation du cosmos, de l’infini, du néant, les manifestations d’un monde parallèle… tout est possible et sans logique d’espace, de temps ni de morale.

Ce monde, à la fois organique, viscéral, intangible est alimenté par les émotions qui me traversent lorsque j’écoute, attentive, les actualités du monde dans lequel je vis, je travaille et j’élève mes enfants. Cette écoute est pleinement ouverte sur les questions sociales, politiques, philosophiques, scientifiques.

Mes centres intérêts sont multiples et se croisent : le fonctionnement du cerveau, les neurosciences et la psychiatrie, le processus de création, la question du genre, celle de l’identité, la science-fiction et les histoires fantasques, la poésie contemporaine, sonore et toutes formes d’expression expérimentales, les grandes marches, les arbres, le concept du ma et, d’une manière générale, tous ce qui a trait à l’intervalle, aux espaces transitoires qui relient deux phénomènes séparés.

 

*L’hypothèse de la liberté reste encore à vérifier.

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