Jardin des tropismes

Vue de l’exposition « jardin des tropismes » — Moulin Gautron — Ville de Vertou —avril 2024

Le service culturel de la ville de Vertou m’a invité pour déployer mes travaux dans le grand espace du Moulin Gautron, situé au bord de la Sèvre, en Loire-Atlantique.

 

L’exposition est visible du 15 mars au 5 mai.

Un espace de 120 m2 dans lequel je présente une quarantaine d’œuvres aux formats et techniques variés. J’ai souhaité mettre en relation des broderies avec des peintures, des peintures avec des dessins, des gravures. C’est intéressant de montrer la diversité des supports. J’ai conçu mon jardin en tenant compte de l’esprit du lieu, entouré d’eau.

Helene Duclos, vue de l'exposition jardin des tropismes, au Moulin Gautron à Vertou (44)

Je parle de cette exposition dans l’émission du lundi 15 avril 2024, « Ceci n’est pas une pipe » sur Jet FM. Je réponds aux questions de Marine Combe pour All ready made.

 

En réécoutant cet interview, je me suis dit que je m’étais encore une fois, appliquée à contourner l’essentiel, peut-être par peur d’évoquer l’intime, intimidée par le micro, l’écho de mes paroles dans la grande salle… Je mentionne la façon dont j’ai pris en considération les lieux, comment j’ai procédé à la sélection des œuvres selon l’espace et les formats, j’aborde mon souci de la composition, du rythme… des composantes essentielles dans mon travail, certes. Cependant j’omets de parler des personnages qui peuplent mes peintures et mes dessins. Ces personnages que l’on observe dans des postures et des attitudes spécifiques, qui sont là pour pointer sur quelques questions fondamentales qui me préoccupent et qui constituent les points de départs des œuvres. Dans le temps de la création, les pensées paraissent inextricables : elles viennent, s’imposent. Il me faut les saisir tout en les alimentant, tout en les adaptant à des problématiques techniques. Que ce soit, en peinture, en broderie, en dessin, les matériaux, les formats eux-mêmes dictent d’une certaine façon, la manière dont je vais préciser mes sujets.

Dans l’émission, je dis que je fais souvent les choses sans réfléchir, ce qui est, à bien y réfléchir, absolument faux ! Je voulais dire que lorsque je crée, tout mon travail consiste à aller débroussailler au fond du cerveau, les chemins sauvages pour y créer de nouvelles circulations, des ponts, des points de connexion et des vues. Cet effort me mène dans un état modifié de conscience qui, effectivement, place peu à peu la réflexion en arrière-plan pour laisser place à ce qui me traverse, laisser place à ce qui va advenir dans l’imprévisible.

En revanche, en dehors de ces temps pur de la création, je réfléchis énormément sur un certain nombre de sujets : le climat, l’accompagnement des enfants et des ados, la place de l’artiste dans notre société, les rapports homme/femme et la (non)binarité, les questions liées au corps féminin et notamment la question du cycle menstruel, de la sexualité, de la maternité, des accouchements, les relations humaines en général, la psychologie, le rapport au travail, le rapport à l’espace-temps… Les sujets sont inépuisables et je passe une grande partie de mes journées à créer des rencontres entre ces sujets.

 

Détail de « Une époque sans règles » — huile sur toile — 89×116 — 2022 — collection particulière

 

Dans les œuvres présentées, vous pouvez déceler des indices sur ces sujets : des couples qui s’unissent, des femmes qui accouchent, qui perdent leur sang, des personnes avec des origines ethiniques diverses, des personnes non-binaires, des personnes avec des handicaps, des animaux, des arbres, des fleurs… Sous forme de petites scènes, les personnes semblent se rencontrer ou s’éloigner, au milieu de paysages souvent abstraits, comme perdu dans un environnement qui leur échappent. A certains endroits de ces paysages, s’incrustent des miroirs, des écrans, des paravents… ce n’est pas évident de mettre un mot précis, comme la plupart des objets que je peins. Les montagnes peuvent être nuage ou fumée, cailloux, triangle, décor. Il est important pour moi de créer des points de rupture, pour perdre le spectateur dans sa logique. L’inattendu a souvent la fonction de déplacer les points de vue : nous pensions que… et puis non, ce n’est de cela qu’il s’agit et nous reconstruisons une autre histoire, nous réinventons la narration.

 

Ci-dessus : détails de différentes peintures grands formats — 2021 – 2022
Ci-dessous : détails de différents dessins à la mine graphite — 2022 – 2024

Ci-dessous : détails de différentes oeuvres sur papier, gouache et mine graphite — 2024

Des temps forts ont ponctués cette exposition :

Le soir du vernissage Ritta Badourra, poète, nous a offert une lecture performée de ses textes, cachée sous le manteau. Un moment suspendu, magique.

Le 30 mars, Juliette Verga Laliberté, hypnologue, nous a emmenée dans un voyage hypnotique à l’intérieur des œuvres, à l’intérieur des lieux, au sein des des dessins et des peintures.

Le 13 avril, j’ai proposé à une douzaine de participants une expérience « hypnose et pratique artistique ». Un temps du lâcher-prise.

Le 22 février, je suis allée dans la classe d’Hélène Quéré, enseignante an arts plastique au lycée de la Herdrie à Basse-Goulaine, pour créer un jardin imaginaire partagé avec les élèves. Le jardin s’est ensuite déplacé au Moulin Gautron où, depuis, il ne cesse d’évoluer au gré des nouvelles plantations des visiteurs.

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